Espace rural

 Comment peut-on décrire ces paysages et leurs évolutions dans le temps ?

 Les espaces ruraux sont des espaces à faible densité de population ou l’activité agricole ou forestière prédomine. Les constructions sont généralement regroupées en forme de hameaux autour d’axes routiers. On retrouve également des formes plus éparses de constructions associées à des exploitations agricoles. Lorsque ce type d’habitat se développe on parle de “mitage” du paysage. Malgré la distance des centres villes ou des zones d’activités, ces secteurs subissent également une pression foncière générant un étalement urbain.

En France métropolitaine, 51% des surfaces sont agricoles. Elles enregistrent une baisse de 65 900 hectares au profit des espaces boisés mais surtout à l’étalement urbain. Pour freiner cet étalement, la loi ZAN (Zéro Artificialisation Nette) - Climat et résilience, adoptée en 2021 prévoit pour 2050 un arrêt de l’étalement urbain.

Sur cette maquette, les champs sont ouverts (paysage d’openfield) sur de vastes étendues de plusieurs centaines d’hectares, héritage des différentes périodes de remembrement agricole.

Cette dynamique d’ouverture des parcellaires et de suppression du maillage de haies bocagères avait pour objectif d’augmenter les rendements en mécanisant l’agriculture. Débuté dans les années 1950-1960, avec un pic d’intensification dans les années 1980, cette dynamique réduit et évolue depuis les années 2000 pour tenter de réduire les impacts sur les milieux, les paysages et la santé.

Espace rural

Quelles sont les principales vulnérabilités liées à l’eau dans ce paysage ? 

Pressions et vulnérabilité des modèles agricoles industriels :

Les modèles agricoles ont fortement évolué depuis l’après-guerre pour augmenter la productivité des récoltes. L’agriculture française est aujourd’hui l’un des secteurs qui exporte le plus en Europe et dans le monde. Les vins et spiritueux sont en tête, derrière viennent les céréales (blé, maïs, orges, etc), les produits laitiers (lait, beurre, fromages, etc), les produits carnés et les produits alimentaires transformés.

Pression des modèles agricoles industriels sur les cycles de l’eau :

Derrière cette dynamique économique, le modèle agricole industriel est celui qui exerce le plus de pression sur les ressources en eau avec de nombreux impacts directs ou indirects sur la santé humaine, les écosystèmes et sur les autres filières socio-économiques (conchyliculture, pêche, baignade, tourisme, production d’eau potable, etc).

L’usage de produits phytosanitaires et d’engrais chimiques, couplé à la simplification des paysages et des hydrosystèmes (suppression des haies et des mares – drainage des sols humides et rectification des fossés et cours d’eau) génère un déséquilibre profond dans les grands et petits cycles de l’eau.

Augmentation du risque d’inondation et d’érosion des sols dû à plusieurs facteurs :

·        l’appauvrissement des sols en matière organique (usage des engrais chimique) réduit la capacité d’éponge du sol

·       le tassement des sols par le poids des engins agricoles réduit la perméabilité des sols

·       le manque de couverture du sol entre les rotations de culture (sols à nu) favorise l’érosion et le ruissellement

·       La surpression des structures paysagères comme les haies, talus, mares, prairies et autres fossés augmente la vitesse du ruissellement et favorise l’érosion des sols et les inondations.

Augmentation des prélèvements d’eau avec pour effets :

  • Baisse des niveaux des nappes d’eau souterraines

  • Assèchement des rivières et des milieux humides

  • Augmentation de la concentration des polluants dans l’eau

  • Le conflit d’usage avec les autres activités et en particulier la production d’eau potable

Augmentation de la pollution des ressources en eau :

Pollution physico-chimique de l’eau de surface et des eaux souterraines (nitrates, phosphates, pesticides) avec des impacts sur la biodiversité et la santé humaine (production d’eau potable)

Vulnérabilité à l’eau des modèles agricoles industriels :

Avec le changement climatique ces modèles économiques font partie des modèles les plus vulnérables. L’excès d’eau en période hivernale, l’intensité des évènements météorologiques notamment pluvieux ou encore l’allongement des périodes de sècheresse obligent l’ensemble de la filière et plus largement la société à revoir ces modèles. Dans cette perspective de repositionnement, l’agriculture peut devenir à l’inverse, l’un des principaux régulateurs du grand et du petit cycle de l’eau.

Artificialisation du sol :

L’étalement urbain augmente l’imperméabilisation des sols avec pour effet :

  • L'augmentation des inondations

  • L'augmentation des transferts de pollutions vers les écosystèmes et l’ensemble des activités socio-économiques liées à l’eau (consommation d’eau potable, pêche, baignade, loisir, tourisme, etc).

  • La réduction de l’infiltration de l’eau dans le sol et la recharge des nappes souterraines.

Mise en tension des infrastructures des réseaux d’eau : 

Cet étalement urbain provoque un allongement rapide des réseaux d’eau potable et d’eaux usées pour répondre aux nouveaux besoins. Les infrastructures sont souvent sous dimensionnées ce qui accentue les vulnérabilités liées à l’eau :

  • manque de pression (risque incendie)

  • rupture d’alimentation en cas de sècheresse

  • débordement des réseaux unitaires (pour les communes de – de 2000 habitants)

  • débordement des stations de traitement des eaux usées sous dimensionnées avec pics de pollution impactant les écosystèmes et les activités socio-économique située en aval.